Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
JDA'CTU
6 avril 2016

Les 8 Salopards ~ The Hateful Eight

Affiche du film The Hateful Eight

The Hateful Eight, le huitième film de Quentin Tarantino (si l'on considère Kill Bill volumes 1 et 2 comme une seule et même œuvre) est sorti le 6 janvier 2016 dans nos salles obscures.

Côté casting, on retrouve les acteurs fétiches du réalisateur : Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Michael Madsen, Tim Roth mais aussi Walton Goggins, Demian Bichir, Bruce Bern et Jennifer Jason Leigh, interprétant le seul rôle féminin du film.

Acteurs

Le film s'ouvre sur un plan séquence très lent sous la neige (ce qui représente tout de même un challenge technique) qui nous immerge progressivement dans les étendues blanches du Wyoming.

Le début du film nous offre des plans larges, contemplatifs, nous permettant d'admirer les sublimes paysages enneigés qui constituent un décor plutôt dépaysant pour un Western.

Image du film - La diligence 

Image du film - Wyoming

Nous suivons John Ruth, un chasseur de primes appelé « Le Bourreau », convoyant la dangereuse criminelle Daisy Domergue, destinée à la potence dans la ville de Red Rock. Mais ils ne sont pas les seuls à fuir le blizzard qui s'annonce, et un premier passager, le Major Marquis Warren, ancien soldat devenu lui aussi chasseur de primes, monte dans la diligence. Ensuite, c'est au tour de Chris Mannix, nouveau shérif de Red Rock, de rejoindre le groupe. Ces deux nouveaux passagers font monter la tension et installent déjà le climat de méfiance qui se poursuivra durant tout le film. Bientôt rattrapés par la tempête, ils se retrouvent contraints de faire halte dans la mercerie de Minnie, mais cette dernière est absente. En revanche, quatre curieux personnages occupent l’établissement : Sanford Smithers « le confédéré », Bob « le mexicain », Joe Gage « le cowboy » et Oswaldo Mobray « le court-sur-pattes ». Mais on comprend vite que l'un d'entre eux n'est pas celui qu'il prétend être et qu'il veut libérer juste Daisy, mais qui est-ce ? Qui ment et qui sortira vivant de la mercerie de Minnie ?

8-2

Le film est donc un huis clos où l'on découvre au fil des chapitres (découpage caractéristique de Tarantino) les secrets de ces « 8 salopards », au fur et à mesure que des éléments étranges s’accumulent. On se retrouve plongé dans ce jeu de tromperies et de trahisons où il faut se méfier de tout le monde. Le film est très bien écrit, avec un scénario intelligent et déroutant qui nous tient en haleine pendant les 2h 48min de film. Cette durée peut effrayer mais les rebondissements, questionnements et mystères qui s'épaississent suffisent à ne pas s'ennuyer une seule seconde ! Le film joue vraiment avec nos attentes, même jusqu'au dénouement, rendant la suite des événements totalement imprévisible et inattendue. Au fur et à mesure des dialogues, faux semblants et jeux de dupes, la tension s'intensifie et le film monte en puissance pour atteindre un final grandiose et très « gore », ce à quoi Tarantino nous a habitué (dans Kill Bill par exemple). 

Affiche du film The Hateful Eight

 Le film The Hateful Eight a bien failli ne jamais voir le jour à cause de la fuite en janvier 2014 du script du film. Après avoir annoncé qu'il abandonnait le projet, Quentin Tarantino a finalement décidé de réaliser Les 8 Salopards, non sans avoir modifié le scénario.

Et parlons-en de ce scénario ! Les dialogues sont très travaillés : aux premiers abords, ils semblent insignifiants et on a le sentiments qu'ils ont été écrits de cette façon tout simplement dans le but de nous faire comprendre que tous les personnages se mentent, qu'ils cachent la vérité. Mais ces dialogues amènent des détails (non-dits et doubles sens) qui travaillent l'esprit du spectateur et cultivent la tension jusqu'à la révélation finale. C'est ce que l'on appelle "le fusil de Tchekhov" ou la technique du «set-up / pay-off ». En effet, ces détails à première vue anodins, prennent tout leur sens au moment de la révélation, renforçant le sentiment de résolution. L'ironie dans les dialogues souligne l'ambivalence des personnages, dont on n'arrive pas à se faire une opinion tranchée.

De plus, le découpage du film en chapitres, montés dans le désordre, amène une ironie dramatique qui contribue, avec de nombreux autres aspects, à rapprocher Les Huit Salopards d'une pièce de théâtre.

Image du film - le premier passager de la diligence

Le film est accompagné de superbes morceaux de musique composés par Ennio Morricone (compositeur des musiques des films Le Bon, la Brute et le Truand ou Il était une fois dans l'Ouest) qui accompagne à merveille les actions, dialogues et renforce la tension. Le morceau L'Ultima Diligenza di Red Rock tient le spectateur en haleine avec son mélange de sonorités d'instruments à vents (basson, contrebasson, tuba, trompette), jouant un thème très bas, mêlées à des sons de cordes pincées. Pour Morricone : "le son que ces instruments produisent peut exprimer le drame, la colère, le désespoir et l'ironie qui sont les thèmes principaux de l'histoire de Tarantino. (...) [Les sons] expriment aussi une critique envers les personnages principaux du film."

 

Au sujet de la réalisation, le film dans son format de tournage ne pouvait être visionné seulement dans certains cinémas (pellicule de 70 mm en format Ultra Panavision 2.76, utilisée pour la dernière fois au cinéma en 1966 ). L'Ultra Panavision permet de « retrouver une incomparable douceur de l’image . La pellicule 70 mm offre une très grande définition (3 à 4 fois plus que le classique 35 mm), inégalée à ce jour. » (panneaux explicatifs du cinéma Gaumont). Malheureusement, le film dans ce format n'a été projeté que dans moins de 10 salles en France. Rassurez vous, Les Huit Salopards reste un très bon film en format traditionnel ! Tarantino joue avec les mises au point sur les personnages, utilise toute une variété de procédés cinématographiques (comme la demi-bonnette qui joue sur la netteté dans un plan) et de plans (séquences, zénithaux par exemple).

Image de la réalisation du film - Quentin Tarantino derrière la caméra

De plus, en situant son action aux lendemains de la Guerre de Sécession, le film prend une dimension engagée en faisant réfléchir sur une période historique portant sur de multiples problématiques (vengeance, crimes de guerre, racisme, …).

 

Les critiques ont reproché à The Hateful Eight d'être un mélange d'inspirations (notamment des westerns des années 50), d'auto-citation de la part de Tarantino (Reservoir Dogs) et un hommage revendiqué à The Thing (de John Carpenter), mais cela n'est pas choquant puisque c'est uniquement la base de l'univers du film. À un certain moment, on se croirait même dans une aventure d'Agatha Christy où l'on révèle les intentions des suspects ! Le film fait donc sourire à de nombreuses reprises, surtout en VO (je vous conseille de le visionner ainsi) car les accents et autres vulgarités propres au langage des personnage sont difficilement traduisables.

 

En revanche, Les 8 Salopards est plutôt destiné à un public averti et mature car au delà des scènes "gores" et du langage employé, certaines scène restent immorales et crues.

Affiche du film

En conclusion, ce film constitue une très bonne entrée dans la cinématographie de Quentin Tarantino car il rassemble un grand nombre de ses « marques de fabrique » et propose un scénario intelligent qui nous tient en haleine ! Les retournements de situation sont souvent imprévisibles et se révèlent parfois être décisifs. On assiste à un vrai jeu de bluff, où chaque personnage cache sa vraie nature pour protéger ses intérêts.

Pour finir, on notera que le film à été nommé aux Oscars dans la catégorie «Meilleure actrice dans un second rôle», «Meilleure photographie» et a obtenu l'Oscar de la Meilleure musique.

  

 L.E

 

Publicité
Publicité
Commentaires
JDA'CTU
  • Ce blog est le lieu d'expression d'un groupe de jeunes du lycée Jeanne d'Arc (JDA) situé dans l'Ain. Actualité, news, culture, sport, orientation, voyage, mode, cuisine, tous ces sujets seront traités ici de manière originale.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
9 abonnés
Publicité