Fait divers enfin dévoilé

20 décembre 1863,

par laurence Delacani pour Le Monde.

  C'est un matin pluvieux de novembre que le triste cadavre convulsionné du brave et honnête Camille Raquin a été retrouvé par deux pêcheurs horrifiés sur le bord de la Seine, aussi verdâtre et sale que le pauvre homme, pourtant si honorable.

  Mais quel spécimen appartenant à la race humaine est-il capable de tant de démence ? La réponse est bien plus révoltante, bien plus affolante que l'acte lui-même. Est-ce possible ?, demanderez-vous, et bien oui !, car les meurtriers ne sont autre -j'en tremble de l'écrire- que la femme, en apparence aimante et dévouée, ainsi que l'ami d'enfance de notre victime.

  Des témoins ayant jusqu'alors préféré garder le silence par peur des représailles, témoignent en ce jour : "nous profitions du soleil de l'automne pour profiter de notre balade de santé hebdomadaire quand nous avons aperçu au loin un homme se faire rouer de coups au fond d'une veille barque sombre. Sa tête a été plongée dans l'eau sale et glacée, pendant qu'il tentait de se débattre, en vain. Ensuite, les deux affreux assassins ont hurlé de satisfaction avant de s'étreindre puissamment. Ils ont enfin donné un ultime coup sur le corps déjà sans vie de leur pauvre victime.".

  Comment douter alors de la cruauté et du manque certain d'humanité de ces êtres dépourvus de coeur et d'âme ? Aujourd'hui enfin, Thérèse et Laurent pourrissent six pieds sous terre, après s'être mutuellement donné la mort, rongés par le remord, bien qu'il semble  que ces remords arrivent un peu tard. Leur punition reste mince car lils ont fui dans la mort sans que la société ne puisse juger cette vermine déshumanisée.

Ecrit par Léa Narjoud - récit d'invention