Le dessin
Regarde-moi, ce dessin sur une feuille de papier, vois les larmes qui roulent sur mes joues, ces yeux rougis et cernés, par des nuits sans sommeil. Observe donc ce visage où la tristesse est gravée à l'encre indélébile. Tu vois cette souffrance ? Tu veux l'estomper ? Tu sais pourtant bien que ta gomme n'effacera rien, que ton effaceur ne la fera pas disparaître. Rien n'efface la douleur. Alors tu mets du blanc encore et encore, et tu dessines un sourire, de la joie. Tu griffonnes ce que tu veux voir, ce que tout le monde veut voir. Ce que tu attends de moi. Tu te sens mieux. C'est normal, on ne la voit plus. Mais elle est encore là, malgré le masque qui la dissimule. Elle restera toujours là, mais toi, tu t'en fiches, puisque tu ne la vois plus, puisqu'elle est cachée, loin de tes yeux. Tu ne vois que ce masque. Et cela te suffit pour penser que tout va bien. Après tout, les yeux voient la vérité, on ne peut rien leur cacher. Et bien vois-tu, ce masque que tu as mis tant de temps à me dessiner, je le porte tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes et toutes les secondes, pour dissimuler au monde entier à quel point je me sens mal. Alors dis-moi, maintenant, est-ce que tu la vois, ma tristesse ?